Masques de Nô et Kabuki : Plongeon dans un patrimoine culturel immémorial du Japon


Tourisme / mercredi, mars 6th, 2024

Le Japon est reconnu pour sa richesse culturelle et son histoire fascinante, qui se manifeste notamment à travers ses formes artistiques traditionnelles. Parmi elles, les masques de théâtre Nô et Kabuki occupent une place particulière en tant qu’héritage séculaire. Ils sont le reflet symbolique de l’expression des sentiments humains et représentent toute la poésie de cet art ancestral. Dans cet article, nous vous invitons à découvrir l’origine, la fabrication et l’utilisation de ces masques emblématiques au sein des deux grands types de spectacle vivant que sont le Nô et le Kabuki.

L’origine des masques de Nô et de Kabuki : Deux formes de théâtre nippones anciennes

Dans l’univers du théâtre japonais, les participants portent souvent des vêtements et des masques spécifiques afin d’amplifier leur performance et de plonger le spectateur dans l’intrigue. Les masques de Nô et de Kabuki font partie intégrante de cette tradition et méritent toute notre attention. Pour mieux comprendre leur importance, il convient de découvrir d’abord l’histoire des deux formes de théâtre dont ils sont issus.

Le théâtre Nô : Un art dramatique sacré et raffiné

Né au 14ème siècle, le Nô (能) est considéré comme le théâtre classique du Japon. S’appuyant sur une esthétique rigoureuse et épurée, cette forme de représentation artistique mêle chant, poésie, danse et musique dans un tout harmonieux. Les performances du Nô sont généralement réalisées par des troupes composées exclusivement d’hommes qui se distinguent par leur gestuelle codifiée et leurs déplacements lents.

Les masques de Nô (能面, nōmen) jouent un rôle central en incarnant différentes figures humaines ou surnaturelles. Chacun d’eux renvoie à un caractère distinct et symbolise ainsi les sentiments qui traversent les personnages. Ils contribuent également à accentuer la dimension sacrée et solennelle de cet art millénaire. Pour en apprendre davantage sur ces objets traditionnels japonais, cliquez et découvrez nos articles dédiés.

Le théâtre Kabuki : Un divertissement populaire spectaculaire

Apparu au 17ème siècle, le Kabuki (歌舞伎) est une forme de théâtre japonais plus extravertie et accessible au grand public que le Nô. Avec ses décors élaborés, ses costumes flamboyants et sa mise en scène dynamique, il a su séduire les foules dès ses origines et continue de susciter l’engouement jusqu’à aujourd’hui.

Le port de masques n’est pas systématique dans les représentations de Kabuki, mais certains rôles nécessitent des maquillages très poussés ou des masques (歌舞伎面, kabukimen) pour incarner certaines caractéristiques d’un personnage. Ces derniers sont souvent élaborés en suivant des conventions spécifiques faisant écho à l’histoire et aux légendes qui peuplent l’imaginaire collectif japonais.

La fabrication des masques de Nô et de Kabuki : Un savoir-faire artisanal ancestral

Loin d’être de simples objets décoratifs, les masques de Nô et de Kabuki résultent d’un véritable art du travail manuel qui se perpétue depuis des siècles au Japon. Les artisans qui les confectionnent font preuve d’une immense minutie et respectent un ensemble de techniques transmises de génération en génération.

Les matériaux utilisés

Traditionnellement, les masques de Nô sont fabriqués en bois léger et durable comme le cyprès japonais (檜, hinoki). Ce matériau permet une finesse d’exécution remarquable et confère aux masques leur aspect lisse et harmonieux. Les masques de Kabuki, quant à eux, peuvent être réalisés avec différents matériaux allant du bois jusqu’à la laque et même le papier mâché. Ils sont également souvent ornés de poils, plumes ou soies pour accentuer leur réalisme.

Le processus de création

Avant de sculpter le masque, l’artisan trace des lignes symétriques sur le morceau de bois choisi afin de dé limiter les contours du visage. Une fois cette étape réalisée, il façonne les formes et les volumes à l’aide de ciseaux, burins et autres outils adaptés. La découpe du bois est ensuite complétée par le ponçage, polissage et laquage pour obtenir un rendu final aussi fidèle que possible à l’image du personnage incarné.

La symbolique des masques

Dans le théâtre Nô, chaque masque porte en lui une signification profonde liée aux émotions et aux sentiments qui traversent les personnages. Ils sont ainsi classifiés selon plusieurs catégories :

  • Les masques masculins (男面, otokomen) : représentant divers types d’hommes, tels que les guerriers, les nobles ou les vieillards.
  • Les masques féminins (女面, onnamen) : dépeignant des femmes jeunes ou âgées, joyeuses ou mélancoliques.
  • Les masques de divinités (神面, shinmen) : incarnant des êtres surnaturels, tels que les dieux, les esprits ou les monstres.

En ce qui concerne les masques de Kabuki, ils expriment souvent une caractéristique exagérée du personnage, comme la colère, la peur, ou encore la comédie.

Le rôle des masques dans les performances de Nô et de Kabuki

Les masques revêtent une importance capitale pour les acteurs de Nô et de Kabuki, car ils leur permettent non seulement de mieux incarner leur personnage, mais aussi d’établir une relation privilégiée avec le public.

L’expressivité des masques

Grâce à leur design minutieux, les masques de Nô et de Kabuki disposent d’une expressivité remarquable. En fonction de l’angle sous lequel ils sont vus ou de la manière dont l’acteur incline sa tête, ils peuvent véhiculer différentes émotions sans avoir besoin d’être modifiés en cours de représentation. Cet aspect est particulièrement flagrant pour les masques de Nô, qui suivent des règles esthétiques très précises pour refléter l’âme des personnages.

Le rituel du masque

Dans le théâtre Nô, le moment où l’acteur revêt son masque constitue un rituel sacré et solennel (kaburitsuke) qui marque son entrée dans le rôle qu’il doit endosser. Ce passage symbolise également le lien entre l’interprète et son personnage, qui devient ainsi partie intégrante de lui-même.

De son côté, le Kabuki propose des scènes variées où parfois des acteurs apparaissent sans masque mais avec un maquillage spécifique appelé « Kumadori ». Cela accentue leur performance tout en rappelant les codes du genre.

En résumé : Une fenêtre sur la richesse culturelle japonaise

Les masques de Nô et de Kabuki sont bien plus qu’un simple accessoire vestimentaire : ils incarnent la quintessence d’un patrimoine culturel japonais riche et complexe, tout en demeurant des objets d’art à part entière. Au fil du temps, ils ont su préserver leur essence ancestrale tout en s’adaptant aux évolutions de la société nippone. Aujourd’hui encore, ils continuent de fasciner les amateurs d’art et de culture souhaitant mieux comprendre l’âme du Japon.